GWENVIDIK est sur le net
Chers navigonautes,
Mon tendre et aimant époux s’est mis en tête de blogger sur la vague internet.
Et ladite vague excuse serait de tenir au courant ses copains d’abord de ses fréquents errements qui l’emmènent invariablement du côté du port de plaisance de Dunkerque où dort le 4e amour de sa vie, son voilier Gwenvidik.
En effet, il en a marre que, dès qu’il rencontre un de ses copains d’abord, celui-ci lui lance invariablement : « Il faut absolument que tu me dises quand tu vas naviguer, car la prochaine fois, je viens avec toi ». Chers copains d’abord, ne lui posez plus la question, il y va chaque week-end. D’ailleurs, son blog va vous permettre de suivre ses ronds dans l’eau.
Dunkerque : « 3ème port de France, Dunkerque est une destination touristique à la beauté insolite. Au cœur d'un vaste espace dunaire, les plages s'étendent à perte de vue sur des dizaines de kilomètres. A quelques minutes de la plage, le centre ville de Dunkerque est le lieu incontournable des amoureux de lèche-vitrine. Dunkerque est attachante par sa convivialité et son esprit festif. Chaque année, des milliers de personnes coiffées des chapeaux les plus insolites déferlent dans la cité de Jean-Bart afin de célébrer l’incroyable Carnaval. » dixit le dépliant touristique.
Je traduis :
« Destination à la beauté insolite » = c’est tout pourri.
« Le centre ville de Dunkerque est le lieu incontournable des amoureux de lèche-vitrine » = y a absolument rien à visiter. Rien d’historique, pas de petites ruelles attachantes, juste Zara, Fnac, Mango, Carrefour (cherchez l’erreur, il y en a quand même deux qui méritent le détour…).
« Dunkerque est attachante par sa convivialité et son esprit festif » = c’est ce qu’on dit quand c’est tout pourri et que les gens du coin, pour vous retenir, développent alors un esprit positif envers l’éstranger. Mais tout ça c’est calculé évidemment…
« 3ème port de France » = un jour il y aura une marée noire, c’est sûr, et alors là le vaste espace dunaire sera un vaste espace lunaire…
« L’incroyable Carnaval » = y z’ont pas d’sous alors ils prennent les fringues de leurs femmes pour se déguiser.
En résumé, la côte est remplie d’usines funestes crachotant leur sinistre fumée binzenne. Je vous jure, depuis la mer, ça fout les jetons. Ces industries de bord de mer répondent aux doux noms de Arcelor Mittal, Air Liquide, Raffinerie des Flandres, ….
Ah, j’oubliais, en sortant du port, vous pouvez toujours vous faire écraser par un super tanker panaméen, car l’entrée du port industriel coïncide avec la sortie du port de plaisance en un étroit goulot.
Quant au carnaval, on retrouve des plumes roses partout sur la plage, ce qui ravit les petites filles qui en mettent plein leurs poches et que même ça se retrouve partout dans la machine à laver.
Bref, si ces magnifiques paysages urbains ne vous rebutent pas, vous aurez à subir les affres du climat. Mon tendre et aimant époux vous dira qu’il y va souvent en T-shirt…
Mais il faut aussi savoir qu’il aime se baigner dans l’eau à 10 degrés…
OK, me rétorquerez-vous, mais nous on est des voileux : on regarde l’horizon marin et pas le bord de mer. On est des Tabarly, nos références historiques se trouvent en Bretagne Nord, on aime le crachin, les cirés jaunes et le vent mauvais qui gonfle les voiles et fait avancer les poissons.
Eh, eh, eh, bande d’innocents. C’est pas la Bretagne, c’est le Channel. Pas un seul rocher à l’horizon, que des bancs de sable. C’est même pas dangereux. Si vous vous encastrez dans un banc de sable blond, vous devez juste attendre le retour de la marée et vous serez de nouveau comme un petit bouchon sur l’eau.
Maintenant, si vous voulez quand même des rochers, il y en a de gigantesques qui bougent tout le temps dans le rail de la Manche. Ils ne sont répertoriés sur aucune carte, mais toutes les 10 minutes, il en passe un à grande vitesse.
Donc, les copains d’abord, sans mauvaise foi aucune et dans un pur esprit de vous éviter de grandes désillusions, ma grandeur d’âme me commandait de vous brosser un tableau non exhaustif de tous les désagréments qui pourraient vous arriver.
Ah, j’ai oublié de parler de ma rivale : Gwenvidik.
OK, elle est petite (7m 65), fine (2m 48), une quille élancée à damner un marin (1m65). Elle s’est aussi dernièrement faite refaire toutes ses voiles. Mais, elle est quand même aussi vieille que moi (elle date aussi des années septante…). Elle a un sale caractère, bouge tout le temps. Et puis pour dormir avec elle, c’est vraiment spartiate. Elle est plutôt sale et son teint blanc des premières années a viré au gris depuis bien longtemps (la crème hydratante aux particules de fumée d’usine, c’est pas terrible). Quant à l’hygiène la plus élémentaire, elle connaît pas. Elle n’a même pas de toilettes !
Si avec ça, vous voulez quand même aller barboter dans l’eau sur Gwenvidik, c’est que vraiment vous l’aimez beaucoup votre pote Sébastien !
Son épouse tendre et aimante,
Christel descendue de sa montagne